Introduction
Si c'est à l'époque de l'expansion coloniale et de la rivalité exacerbée par le « partage de l'Afrique » les discours de rivalité avec l'Angleterre sont les plus marqués, on peut tenter d'en esquisser l'archéologie.
La rivalité franco-anglaise est ancienne. Les guerres entre les deux pays ont fait surgir des héros de l'histoire de France qu'on a longtemps vénéré dans les écoles, de Du Guesclin à Jeanne d'Arc et à Napoléon.
La rivalité coloniale entre les deux puissances est elle aussi réelle et ancienne. On a souvent écrit que si l'empire colonial britannique a été et est toujours resté le premier, du moins après l'affaiblissement des Portugais et des Hollandais, la France avait tout de même, sous la troisième République, réussi à se hausser à la seconde place, et cette concurrence a été l'un des moteurs, et non des moindres, de l'expansion.
La supériorité coloniale anglaise, en terme de puissance et de territoire, a été souvent attribuée à une politique anglaise beaucoup plus déterminée que celle de la France. On se souvient du traité de Paris de 1763, des « quelques arpents de neige »
de Voltaire, et de la vente par Napoléon de la Louisiane aux Etats-Unis. Cette relative indifférence de la politique étrangère française vis-à-vis de son empire colonial a sans doute été l'objet d'un revirement, et encore ne fut-il pas unanime, lors de la conquête d'Alger, puis de la politique arabe de Napoléon III. Les débuts de la conquête de l'Indochine datent aussi du second empire. Mais on sait que la course à l'expansion coloniale, soutenue, sous la troisième République, par des politiques comme Gambetta et Jules Ferry a été à l'origine de la prodigieuse extension de cet empire.
La rivalité franco-anglaise a bien failli tourner au conflit. L'affaire de Fachoda (1898), vue avec du recul, est souvent un peu prise à la légère par les historiens, qui évoquent de préférence l' « incident» de Fachoda. Cependant, l'imminence de la guerre a été vécue par des militaires aussi bien informés que Lyautey, alors à Madagascar, comme une évidence. Sept ans plus tard, cependant, l'entente cordiale entre les deux pays mettaient fin, diplomatiquement, à des siècles de confrontations ouvertes ou larvées.