Introduction
Il est nécessaire de prévenir tout malentendu vis-à-vis de la propagande coloniale, d'autant que les malentendus semblent assez largement partagés.
En premier lieu, il faut souligner que le terme de propagande, aujourd'hui considéré comme largement péjoratif, et impliquant le sous-entendu que toute propagande est trompeuse, dissimulatrice de desseins inavouables, et qu'elle tend à manipuler les esprits, n'a pas la même valeur au XIXème siècle et dans les premières décennies du XXème. La propagande, conçue alors, est considérée comme légitime, elle consiste avant tout à diffuser des idées, des conceptions, une culture. Avant de parler de diffusion culturelle de la France et du français dans le monde à travers les ambassades, l'alliance française et les instituts et centres culturels, on utilisait le terme de propagande de manière tout à fait officielle.
En second lieu, les procès d'intention des anticoloniaux et des anticolonialistes à l'égard de cette propagande, et les analyses qui en sont faites dans les écrits postcoloniaux devraient être ramenés à une plus juste proportion. La propagande coloniale a eu des effets et a bénéficié de moyens très surévalués aujourd'hui. On peut montrer des images à foison, trier parmi les affiches, les cartes postales, les illustrations de magazines, les représentations les plus frappantes, il n'empêche, comme Ageron l'a montré depuis longtemps, que, chiffres à la clé, cette propagande n'a probablement touché qu'une frange assez réduite de l'opinion publique — ce qui n'empêche qu'elle a pu susciter des vocations particulières.