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L'Océan Indien - Activité 4

retour à la thématique

Carpanin Marimoutou : Voyages et empire dans l'océan Indien

Complétez le texte suivant en utilisant les mots ou expressions proposés :

motifs picturaux ; l’empire des morts ; fonction incantatoire ; une typologie raciale et culturelle ; métaphorique ; prisme déformant ; un hors temps ; maîtrise ; idéologique ; légitime ; l’ordre colonial ; l’étroitesse ; une culture figée 

Réunionnais chantres de la colonisation et de l’Empire colonial français d’outre-mer, Marius-Ary Leblond ont écrit deux ouvrages sur l’île de Madagascar : Madagascar, création française (1934) et La grande Île de Madagascar (1946), après s’y être rendus en tant que personnages officiels et y avoir donc suivi un itinéraire très balisé. Leur prise de position …. et politique impose à ces deux œuvres des choix de représentation de l’espace et des Malgaches révélateurs du conditionnement, voire de …., de leur regard. Dans une relation spéculaire entre la pratique coloniale et le discours qui la célèbre et la …., l’écriture du voyage s’élabore à l’intérieur du discours de l’Empire et de l’idéologie coloniale qu’il contribue à illustrer et à enrichir, et se fait texte pédagogique à destination des lecteurs français.

La première conséquence de cette orientation est le fait que les Leblond voient la réalité malgache (peuples et leurs conditions de vie, paysages) non pas objectivement, telle qu’en elle-même, mais à travers le …. de leurs nombreuses lectures préalables et évidemment sélectives. Leur objectif est de souligner la …. qu’a le colon sur le colonisé et, afin que soit héroïsé ce colon, la difficulté de la mission civilisatrice. Le discours construit alors un univers clos, vertical, hiérarchisé, conforme au rêve rassurant de …. Dès lors, une voix unique se fait entendre, celle du maître, la seule autorisée à dire le réel.

Car les deux ouvrages présentent le colonisé comme enfermé dans …. ; il est situé hors de l’Histoire et de toute modernité, dans l’atemporel, ce qui le prive de toute possibilité d’évolution. Cette délégitimation que lui impose le discours des colonisateurs s’étend à sa faculté d’avoir quelque chose d’important à dire, et de raconter ses propres histoires à sa façon. Capacité autonome d’action et puissance d’agir sont déniées aux Malgaches, enfermés dans …. qui les prive de toute singularité individuelle : ils sont réduits à n’être que des stéréotypes, à la pensée magique et analogique. Les Leblond les voient comme un peuple docile et absent à soi-même. Si le texte leur accorde une place (limitée), c’est sous une forme …. qui les ravale à l’état animal, cacatoès ou termites ; sinon, les personnes ne sont montrées que comme des figurants, des …. dans un décor exotique. Le plus souvent toutefois, les paysages décrits sont vides de toute présence humaine, au profit d’éléments naturels tels les rivières. Le seul agent est le colon.

Dans cet espace, donné comme un monde sans contacts ni migrations avant la venue des Européens, les premiers habitants de l’île sont présentés comme hors humanité, ou d’une humanité différente. Les Leblond ne disent rien de la complexité de la relation, aux siècles précédents, entre Madagascar et La Réunion, ni sur le rôle économique de la première dans l’océan Indien. Penser autrui aurait conduit à penser le sujet colonial comme une présence partielle et incomplète. Mieux vaut présenter les Malgaches par groupes culturels étanches, soumis à …., et donc incapables d’invention.

S’étant soustraits au devenir, ils ne sont rien ni personne, et sont incapables de voir les potentialités de leur devenir : le colonisateur prend alors toute son importance, avec d’autant moins d’états d’âme que la société malgache elle-même semble assigner une place précise à chacun de ses membres et que le colonisé, situé dans …., ne peut être son égal ni avoir une parole autorisée.

L’Histoire a donné un démenti cinglant aux prises de position des Leblond, sans doute à …. : ayant contribué à la libération du territoire français à la fin de la seconde guerre mondiale, les Malgaches ont pris conscience de la faiblesse de la France. Et ce peuple montré amorphe et sans parole digne d’être écoutée s’est révolté un an après le voyage des Leblond à Madagascar : ceux-ci n’ont-ils pas vu ? ou ont-ils refusé de voir un monde en mouvement et en opposition à la colonisation, les actes de torture commis les colons, les spoliations ? Ou bien ont-ils discouru au lieu de regarder objectivement et avec bienveillance le monde qui s’offrait à eux ?

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