Suite de l'Activité 1 1/2
Question 3
En mettant en relation les deux extraits suivants, précisez sur quel point Jean de Léry et Jean Boucher, pourtant si différents, se rencontrent.
1 Jean de Léry Histoire d’un voyage, 1578
Ces ceremonies ayans ainsi duré pres de deux heures, ces cinq ou six cens hommes sauvages, ne cessans tousjours de danser et chanter, il y eut une telle melodie qu’attendu qu’ils ne sçavent que c’est de musique, ceux qui ne les ont ouys ne croiroyent jamais qu’ils s’accordassent si bien. Et de faict, au lieu que du commencement de ce sabbat (estant comme je l’ai dit en la maison des femmes) j’avois eu quelque crainte, j’eu lors en recompense une telle joye, que non seulement oyant les accords si bien mesurez d’une telle multitude, et sur tout pour la cadence et refrein de la balade, à chacun couplet tous en traisnans leurs voix, disans : Heu, heuaüre, heüra, heüraüre, heüra, heüra, ouech, j’en demeuray tout ravi : mais aussi toutes les fois qu’il m’en ressouvient, le cœur m’en tressaillant, il me semble que je les aye encor aux oreilles. Quand ils voulurent finir, frappans du pied droit contre terre, plus fort qu’auparavant, apres que chacun eut craché devant soy, tous unanimement d’une voix rauque prononcerent deux ou trois fois, He, hua, hua, hua, et ainsi cesserent.
2 Jean Boucher, Bouquet sacré (1614)
Sitôt que nous avions achevé nos matines, je m’en allais méditer et prier au mont de Calvaire, au pied duquel est le chœur des Grecs, dans lequel il y avait un Grec entre les autres qui chantait tout seul la plus grande partie du service, à cause de sa belle, douce et claire voix.
Je confesse et avoue franchement, que jamais voix humaine, ni harmonie d’instruments musicaux ne m’a tant ravi ni dérobé à moi-même que les doux accents de la voix de ce Grec, religieux de l’ordre de saint Basile.