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LUTTE BIOLOGIQUE, INTRODUCTION-ACCLIMATATION D'INSECTES AUXILIAIRES

Bref historique et définitions de la lutte biologique

Complément

Dans l'Egypte antique, les stocks de grains étaient préservés des rongeurs par des chats domestiqués. En 324 av J.C., en Chine, les nids de la fourmi Oecophylla smaragdina étaient collectés et vendus aux paysans afin de protéger les plantations d'agrumes contre les lépidoptères et les coléoptères. En 1762, le Martin triste Acridotheres tristis (oiseau voisin du Mainate), est introduit dans l'île de France (Maurice), puis à l'île Bourbon (La Réunion), pour contrôler le criquet Nomadacris septemfasciata. Dès 1889, l'entomologiste américain Riley introduit avec succès des coccinelles australiennes et néo-zélandaises dans des orangeraies californiennes pour y limiter les pullulations de cochenilles, elles-mêmes introduites accidentellement: c'est le premier succès majeur de la lutte biologique, considéré aujourd'hui comme l'acte de naissance de la lutte biologique moderne.

Définition

On considère aujourd'hui que la lutte biologique est dirigée contre un organisme ravageur ou invasif, d'impact économique ou écologique négatif, à l'aide d'un organisme antagoniste (ou de l'une de ses productions), dit auxiliaire. Il peut s'agir d'un parasitoïde, d'un prédateur, d'un agent pathogène ou d'un compétiteur.

Conseil

Développée au cours de l'intensification de l'agriculture au vingtième siècle, la lutte biologique (ou biocontrôle) a pour but de contrôler les populations d'organismes indésirables. Son objectif n'est donc pas d'éradiquer totalement une espèce nuisible, mais plutôt d'en réduire durablement et suffisamment les effectifs pour l'amener à un seuil de nuisibilité acceptable. Nous allons surtout développer des exemples d'insectes nuisibles comme cibles de lutte biologique; les végétaux et micro-organismes peuvent en être les cibles également.

On utilise principalement: des micro-organismes ou nématodes entomopathogènes, des insectes parasitoïdes, ou encore des insectes prédateurs/phytophages. Vous ne verrez, tout au long de ce chapitre, que des exemples d'insectes, parasitoïdes, prédateurs ou phytophages.

Fondamental

De la même manière que pour les espèces invasives, considérées comme telles si leur arrivée dans un territoire non-natif est dûe à l'homme, nous considérerons la lutte biologique comme issue d'une action volontaire de l'homme.

On distinguera :

- la lutte biologique classique, par acclimatation: c'est une stratégie dite d'introduction-acclimatation d'un antagoniste (ou encore, auxiliaire) exotique, généralement de même origine que le ravageur à contrôler, dans le but de développer et établir de façon durable une population suffisante pour contrôler le ravageur.

- la lutte biologique sans acclimatation, augmentative, consiste en des lâchers qui peuvent être : inoculatifs (en petites quantités), ou encore, inondatifs si la population du ravageur à combattre s'accroît trop. Nous verrons quelques exemples concrets plus loin. La fréquence et la masse des lâchers dépendent des besoins spécifiques à chaque culture, et reposent sur une bonne maîtrise de la production, du stockage et de l'épandage.

- la lutte biologique de conservation: ensemble des mesures prises pour la préservation des ennemis naturels des ravageurs des cultures, en empêchant leur destruction par d'autres pratiques. Il s'agira de modifier les agroécosystèmes, le paysage, les pratiques culturales ... nous en citerons un exemple chapitre 3 (projet BIOPHYTO).

- la lutte microbiologique: concerne l'utilisation de micro-organismes, souvent conditionnés comme des insecticides (cas des préparations à base de la bactérie Bacillus thuringiensis), et prend ainsi la forme d'une lutte inondative. Nous ne l'aborderons pas par la suite, en dépit du succès qu'elle a rencontré à La Réunion avec la gestion des populations du ver blanc de la canne à sucre, Hoplochelus marginalis, par le champignon entomopathogène Beauveria brongiartii ( Vercambre et al., 2008[1]; http://www.fdgdon974.fr/IMG/pdf/vb.pdf).

Conseil

Aux frontières de la lutte biologique se trouve l'utilisation des techniques de l'insecte stérile ou incompatible (TIS et TII), que vous verrez plus loin également.

  1. Vercambre B. (2008)

    Vercambre B. (2008). Le ver blanc au paradis vert, ou l'histoire d'un bioagresseur de la canne à sucre en milieu insulaire. Cirad, Enquête scientifique, coll. Les savoirs partagés, 75 p.

  2. Bale, J. S., et al. (2008).

    Bale, J. S., Van Lenteren, J. C., & Bigler, F. (2008). Biological control and sustainable food production. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 363(1492), 761-776.

  3. Rousse, P. (2007)

    Rousse, P. (2007), Thèse de Doctorat, Université de La Réunion, Faculté des Sciences et technologies, Ecole Doctorale Interdisciplinaire. Fopius arisanus, le droit à l'erreur.

  4. Deguine, J.P., et al. (2008)

    Deguine, J.P., Ferron, P. et Russel, D. Protection des cultures, de l'agrochimie à l'agroécologie. Quae, 2008, France.

  5. Suty, L. (2010).

    Suty, L. (2010). La lutte biologique: Vers de nouveaux équilibres écologiques. Editions Quae.

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