Exemple :
Les insectes parasitoïdes se rencontrent au sein de différents ordres, mais la plupart appartiennent aux Hyménoptères, dont une grande majorité sont des guêpes parasitoïdes. Celles-ci se développent aux dépens de leur insectes hôtes, sur (ou dans) ces derniers à l'état larvaire, et les tuent obligatoirement pour terminer leur développement. Le film "Alien" (Ridley Scott, 1979) donne une illustration de ce type de développement. La diversité spécifique des parasitoïdes réflète celle de leurs interactions avec leurs hôtes, souvent issues d'une co-évolution parasitoïde-hôte. S'attaquant à un stade de développement particulier de l'hôte (oeuf, larve, pupe ou nymphe, adulte ....), les parasitoïdes entraînent immédiatement (idioboontes), ou de manière différée (koinobiontes), la mort de leur hôte, en le paralysant et/ou en se développant en son sein. Contrôlant de manière naturelle les populations d'insectes phytophages, leur spécificité est un atout pour leur utilisation en lutte biologique (pour revue, Pennacchio et Strand, 2006[1]).
Exemple :
Les prédateurs d'insectes phytophages sont spécialisés (sténophages) ou généralistes. On peut citer diverses familles de Coléoptères (les Coccinellidés (5000 espèces) ou Staphylinidés (60000 espèces), polyphages, ou les Carabidés, (40000 espèces), carnivores). Les prédateurs généralistes peuvent ainsi également être des pestes végétales, nous en verrons un exemple plus loin (Harmonia axyridis).
Les prédateurs répertoriés utilisés en lutte biologique dans les cultures de riz et de canne à sucre sont les fourmis et araignées. Pour les autres types de cultures, la plupart des "lâchers massifs" de prédateurs sont des chrysopidés (famille d'hyménoptères de 1500 espèces), coccinellidés, ou pentatomidés (famille d'hémiptères, aux antennes "divisées" en 5 parties; pour exemple, punaises des bois; environ 5500 espèces). Les insectes prédateurs sont élevés en masse, ou parfois collectés en périodes estivales pour les coccinellidés. Les succès de "lâchers inondatifs" s'accompagnent parfois de coûts excessifs. Les échecs, quand à eux, peuvent être dûs à une émigration, à du cannibalisme ou à une prédation (soit intraguilde[2], soit vers tout autre hôte non ciblé). Ce dernier point souligne l'importance de la spécificité de l'auxiliaire, permettant de limiter certains effets non-intentionnels.
Simulation :
La lutte biologique peut être comprise dans des programmes de lutte intégrée (IPM, ou Integrated Pest Management): les lâchers sont parfois accompagnés de manipulations comportementales par des additifs nutritionnels/substances sémiochimiques (substances à l'aide desquelles les insectes peuvent communiquer: phéromones, kairomones ...). On peut y ajouter des insecticides sélectifs, mettre des barrières physiques, adapter les techniques culturales .... La manipulation de l'habitat permet un recrutement de parasitoïdes et de prédateurs naturels ou introduits, au sein de des programmes de lutte intégrée, moins coûteux (pour revue, Symondson et al., 2002[3]). Un exemple concret vous sera présenté chapitre 3.
Fondamental :
Un modèle tri-trophique fut proposé dès les années 1960: des plantes, consommées pas des herbivores, eux-mêmes cibles de pathogènes, prédateurs ou parasitoïdes (parfois utilisés intentionnellement comme agents de lutte biologique). Des niveaux trophiques supérieurs ont été décrits depuis (hyper-parasitoïdes, hyper-prédateurs), parfois non pris en compte dans certains modèles de lutte biologique, et pourtant susceptibles d'interférer avec le succès des agents de lutte biologique utilisés (pour revue, Rosenheim 1998[4]).
Complément :
Des inventaires actuels visent à caractériser ces interactions tri-trophiques: pour exemple, depuis 2012, le réseau de collecte thématique TCN (Thematic Collection Network) sur le continent Nord-Américain, cible les plantes hôtes (Asteracées, Fabacées, Poacées, et Rosacées: > 8 000 espèces ciblées) d'Hémiptères phytophages (11 150 espèces décrites en Amérique du Nord; certains sont des ravageurs des cultures), et leurs parasitoïdes Hyménoptères (2 879 espèces décrites aux Etats-Unis). Pour ces espèces, les collections botaniques et entomologiques de 34 Museums (Etats-Unis principalement, ainsi que Mexique et Canada) sont en cours de digitalisation et de mise à disposition, pour une meilleure caractérisation et compréhension de ces réseaux tri-trophiques. Pour des informations plus détaillées: voir http://tcn.amnh.org/.